Accéder au contenu principal

Norvège, Senja Island.

Chassés par la pluie des Lofotens et motivés par les magnifiques photos d'Inés Papert, nous revoilà partis pour 2 paires d'heures de pollution au CO2. Les autoroutes ayant été oublié au programme des constructeurs locaux, c'est toujours à 60 km/h de moyenne que l'on traverse le pays.
Les bons conseils d'un grand guide de sa Majesté, M. Rich CROSS, nous ont  fait choisir Senja comme destination. Associés au fait que Miss Papert y ait passé un peu de temps me conforte dans l'idée que l'on
n'est pas dans le pire endroit du monde.
La mascotte souhaite la Bienvenue à Jon.
La spécialité locale
Même les enseignes d'épicerie te rappelle ce que fais là
Premier sujet de satisfaction, le gite. Un petit coin tout classe, tenu par un jeune guide local détendu.






 Comme à Lofoten City, on ne risque pas le mal de tête précurseur du MAM. L'altitude frisant avec les 5 mètres  au salon, on doit faire une pause pour atteindre la chambre à l'étage où la hauteur est presque doublée !
Deuxième sujet de satisfaction : la voie du lendemain.

Le "Great Corner"
L1, Wi 4+
L2 : M5

L3





Le petit passage sur des blocs instables...M6


Sortie du laminoir accueillant.


En vue du dessus.

L4 se redresse un peu mais les mousses y sont solides.


L'auto focus, ça a du bon des fois 




Sortie de L5 en glace fine ayant un peu trop vue le soleil

L6, 20 m de glace, Wi 4+
L7 est un cheminement intéressant sur des boules de glaces décollées, la fin est une traversée de 20m en terre gelée   protégée incertaine

L8 redevient plus détendue

et L last est cool

le dièdre vue des rappels
Bien content de l'échauffement, la voie d'Ines nous tend les bras. Notre hôte n'est autre que son assureur lors de la "First Ascent". On le cuisine pour connaitre le tracé et le matos. Plus classique que la miss, nous partirons à pied parce que c'est quand même mieux de s'emmerder pendant des heures à suivre des traces de rennes à la frontale plutôt que de traverser tranquille en kayak en s'émerveillant devant un magnifique lever de soleil. La veille, j'avais manger un steak de cette race d'animal maudit, si j'avais su, j'en aurais manger plus. Ces stupides bestiaux ont une empreinte similaire à celle des hommes sauf qu'ils ne s'enfoncent pas de 50cm à chaque pas....

 Cette magnifique montagne offre une des plus belles cascade du secteur, Finnkonna. C'est la ligne évidente la plus à gauche au soleil. Notre objectif "Finmanenn" est la parallèle à sa droite.
L1, en beau dry sympa.

Jon est sympa, il la coupe en deux pour m'en faire profiter.




L2 te met direct dans le bain





Cette partie de longueur est vraiment complexe : peu d'ancrage évident, des coincement de tête à travailler, des crochetages en bout de lame, des pieds de daube, des ancrages dans des mottes où même un moineau n'aurait pas la place d'y faire son nid et des protections moyennes...La traversée est tellement soutenue que j'ai l’impression que la situation empire à chaque mètre !!!
Finalement, je me retrouve à une dizaine de mètre à l'horizontale du dernier point avec pour toute protection un 0 bourré dans une fissure d'1cm de profond et un piolet en inversé. La forme convexe du reste de la traversé ne me donne que peu de visibilité. Pas de fissure, petites prises et léger dévers ne me motive pas trop. Après 1/2 heure de tergiversation avec moi même, je reviens en arrière. Beau but, félicitation Inés. On passe notre énervement en maudissant des générations complète de rennes au retour!

Pour le Briançonnois, c'est la fin du voyage, le pauvre devant partir au Ben Nevis avec des clients. Pour moi, c'est l'inverse je reste sur place et se sont les écossais qui me rejoignent. 
Bien qu'extrêmement sympathiques, ils n'ont pû s’empêcher d’amener le "Scottisch Weather" avec eux. Adieu anticyclone, le temps de la gore tex étanche est arrivé!  Dans ce cas là, la seule constante à surveiller est l'isotherme du gel, autant dire qu'avec une altitude variant entre 0 et 300 mètres faudra pas se gourer. On jette notre dévolu sur une petite face raide située à moins d'une heure de notre gite. Seule ses cotés ont été parcourus, une large bande de 400 m de large nous offre un terrain de jeu vierge. Notre première "première" est un éperon recouvert d'une magnifique coulée de terre grasse gelée à souhait. Dans ce nouveau terrain, il me faut apprendre les règles du jeu. Spectateur de ma propre progression, je me demande jusqu'où je vais pouvoir aller jouer.






 Petit break  puisqu'un créneau de beau est annoncé, notre photographe est remonté à bloc. Malheureusement pour moi, il s'est rappelé de sa première leçon qui parlait de la magnifique lumière des levers de soleil qui vient éclairer les arêtes neigeuses.......Résultat, il nous secoue à 4 heures du mat', bien déterminé à vérifier l'adage. On attaque par une crête herbeuse qui ne ressemble à rien, celle ci vient buter sur un massif rocheux plus raide mais pas non plus excitant. Mes capacités de persuasions déjà faibles en français semblent inexistantes en langue Beef. A tels points que je me retrouve à faire la trace dans une pente à 50°avec de la neige au dessus des genoux. Le parcours, malgré quelques ressauts, est sans intérêt mais la lumière, les couleurs et le paysage sont tellement magnifiques que je suis content de pouvoir en profiter à 100% sans avoir à me concentrer sur des ancrages aléatoires.







Wake up!
Beau temps à l'horizon!























Quoi, il existe une notice d'utilisation du Reverso !
Fidèle à mes habitudes, je n'ai pas regarder de carte topographique et du coup l'arrivé au sommet n'est pas tellement soulageante. Mauvais temps qui arrive au galop et sommet qui n'est en fait qu'une ligne d’arête sans possibilité d'échappatoire rapide. Ces grains de sel viennent d'un coup donner un autre attrait à la course, mon entrain remonte à 100%. Dans ces configurations de montagne de faible ampleur, la marge est large et on se laisse enfermer par les nuages et les précipitations sans trop d'appréhension...enfin tant que l'épaisseur de neige déposée est négligeable. Une progression ralentie laisserait l'épaisseur s'accumulée de façon critique et son pote isotherme est fiable comme une promesse électorale. Avec deux voyants dans le rouge, il va falloir se hâter lentement. Petite descente à un collu, puis remonté facile en louvoyant sur une arête balayée par le vent. La perspective n'est pas réjouissante... Ce coup-ci, il ne faudra pas faire les difficiles et descendre dans la moins pire des pentes. Finalement, après 2 heures de désescalade à zigzager au mieux des plaques de glace, on rejoint un terrain tranquille. 
Désescalade...
et coulée de neige !
Les jours suivants semblent moroses, on quitte le gîte sous la pluie pour atteindre Motte Land sous la neige. 
Marrant, j'ai pris cette photo juste avant d'arriver à Senja
Grimper au delà du cercle polaire garantit des conditions de gel exceptionnel .
La pure motivation !
Du passage d'avant, on a repérer une coulée d'herbe dégarnie et raide qui mène à une encoche en forme de U imprimée dans la face sur une bonne cinquantaine de mètre. 10 mètres raides en dulfer sur de la terre inaugurent la ligne ! Après c'est moins raide mais...tout blanc, du coup ma coulée d'herbe est moins facile à trouver. Je monte à tâtons naviguant entre les ancrages agréables en terre et les rebonds désagréables des pioches contre le rocher.
 Dans ces conditions, monter est déjà compliqué mais se protéger relève du coup de chance. Heureusement, j'ai récupéré 2 "bulldogs" (sorte de lame de piolet avec une surface de frappe qui se martèle dans la terre gelée) et une broche à frapper du rack écossais. L'idée était bonne car se seront les 3 seules protections que je réussis à fixer. 

Finalement, un petit surplomb m'offre assez de fissure pour construire un relais. Malgré un nombre de points conséquents, le résultat ne me satisfait pas vraiment. Comme souvent dans ce genre de situation, je choisi de continuer à monter pour fixer quelques points supplémentaires évitant ainsi une potentielle chute sur le relais quand viendra le temps de repartir en tête. Les points trouvés, je redescends me caler sous mon surplomb. A cet instant, je me rends compte que je suis pile sous un ruissellement ininterrompu d'eau bien fraîche  Les points du relais étant péniblement équilibrés, je prends l'option de la douche intégré. Ben pointe le bout de son nez juste au moment ou mon caleçon me fait ressentir les premières taches d'humidité. Sans lui laisser le choix, je récupère le matos. Finalement, entre une douche à 2° et des mottes expos, je retrouve avec soulagement les piolets. La suite de la voie déroule mais désormais j'éviterais ce genre d'expérience.
Histoire de ne pas laisser le temps à la trace d’être recouverte de neige, on remonte dés le lendemain avec Ally. L'ambiance au pied de la face est de pire en pire, de la flotte ruisselle de partout. Gentiment (cela aurait fait planer un doute à mes partenaires habituels), je laisse Ally attaquer. Il choisit un départ audacieux et surtout arrosé.




 Le sourire au lèvre, je le regarde s'humidifier lentement.

 En bon rosbeef, il subit sans rechigner. Finalement, il descend et tente sa chance un peu plus loin. Il rattaque dans du plus raide mais le cheminement s'annonce corsé, comme bien souvent dans ce genre de configuration, le relais est posé à 30 petits mètres.







 Vite fait, je comprends que ce 14éme jours de vacance ne sera pas consacré à l'enfilage de perle. Une fissure trop large pour mon 42 m'oblige à des contorsions constamment à la limite du zip, au grand désarroi de mon assureur situé pile à ma verticale! Quelques moov faciles me mène à un vague dièdre où rapidement mes lames n'arrivent plus à rentrer... de fait, les C3 font de la figuration et les pitons refusent de se laisser enfoncer. Comme trop souvent ces derniers jours, le retour est impossible et l'issu est dans la fuite en avant. Un dièdre encore plus vague accepte 2 des 4 cames de mon 000, le bonheur ! Les ancrages qui s'en suivent ne me détende pas vraiment mais la possibilité de faire un relais fiable rapidement me motive. Il y a pas longtemps, j'ai vu la vidéo d'un type faisant une pire longueur d'artif. Arrivé au relais, il fixe un sac lesté sur sa corde et le lâche pour tester les points qui s'arrachent un par un. A cet instant, j'ai la même sensation avec mes protections ; mon dernier point me le confirme en sautant quand je tire la corde pour la ravaler.






 Le cerveau désormais en position OFF, je pars pour la longueur suivante, confiant dans le beau dièdre qui me domine. Malheureusement, quand il se couche une petite vire herbeuse et bien pentu d'une dizaine de mètre de long est ma seule option. Le dernier point a pris la regrettable habitude d’être bien trop loin à mon gout et les protections à venir inexistante. Pour corser le tout, la terre commence a sérieusement dégelé. Soit elle se colle sous mes crabes, soit les mottes s'effondrent sous mon poids, soit et pourvu que ça dure, les pointes se plante vaguement dans une boue encore solidifiée. Avec la stratégie du "un pas en avant, 3 pas en arrière", ces quelques mètres me coûtent quelques bons litres de transpiration.
Tout ce blanc fait illusion, et les pioches ne servent pas à grand chose

 Une fissure dièdre gavée de mousse dont la couleur vert fluo me fait tout de suite comprendre que le gel n'a pas eu le temps de faire effet m'occupe encore un petit moment. Le bonus de ce passage sera les énormes blocs en équilibre instable qui encombrent la fissure.



 5 points miteux reliés feront office de relais, il fait nuit, on a mis plus de 4 heures pour faire 60m de hauteur. Le peu de lucidité qui me reste, me permettra de mater des stopper pour rejoindre le sol sans élan. 
A ce stade des vacances, je suis complètement explosé et ma marmelade de neurones me dit d'arrêter le Norvegian Varapping. Mais bon, il reste un jour et Ben a besoin de photos de mixte raide. Je ne sais pas si c'est les tournées de Whisky-coca du soir ou ma mémoire de poisson rouge mais chaque matin me voit repartir comme au premier jour. Nous choisissons donc un itinéraire tranquille composé 2 longueurs de neige molle qui aboutissent à une rampe facile. SAUF que suite à une erreur de perspective, la rampe est un laminoir large et plutôt raide. Rapidement, je me retrouve en renfougne à forcer sur mes pointes d" crampons pour maintenir une pression sur la couche de verglas que j'ai derrière le dos. Je râle, je sue, je glisse vers le bas mais finalement après une grosse heure de lutte, j'atteints la vire sauveuse. Ben arrive avec un grand sourire et m'annonce qu'il VA faire des photos mythiques, je vais donc m'y coller une 2ème fois...j'm'en fous demain je rentre à la maison :-)))))






Posts les plus consultés de ce blog

Le Trailpinisme.

Courir ne m'intéresse pas ! Plus que mon esprit, mon corps est contre ! Il y a un an, allez savoir pourquoi je propose à mon épouse un petit footing, le premier depuis 18 ans. On part tranquille, et bim après 20 minutes, un claquage !!!! Bref, plus jamais. Néanmoins, le monde mystérieux des trailers m'interroge. Je veux bien comprendre que quelques extra-terrestres s'enquille un Tour du Mont-Blanc en deux dizaines d'heure mais les 2000 autres, ils font comment ?! Ce sont eux, les finishers de la dernière heure, ceux qui ont tout donné, ceux qui descendent la rue Vallot avec les jambes flagellantes, qui m'ont inspiré quand, au milieu des années 2000, j’assistais à l'arrivé de l'UTMB. La barrière horaire est grosso modo placée à 24h, inconsciemment j'additionne les horaires de quelques voies "classiques". Montée au refuge + approche + ascension + retour, à la louche je m'amuse à y ajouter les délais sans emprunter les remontés mécaniques. Mat

Light, fast et sans cervelle

C'est une nouvelle catégorie dans le monde de l'alpinisme, facilement repérable grâce à leurs tenues tirées à quatre épingles, le sac de 30 litres sur le dos, la Suunto au poignet, les petites chaussures de randonnée à 300 gr et les skis à 800 euros, les formules 1 de la montagne en jette un maximum dans les files d'attente des téléphériques. Des images de Killian et d'Ueli plein les yeux, ils ne sont pas là pour plaisanter, d'ailleurs n'ont ils pas parcouru la Grande Face Nord à la journée, en moins de 9 heures 28 minutes 45 secondes et 30 centièmes !!! Par grand beau temps, sans vent, quand il n'y a qu'à suivre la tranchée laissée par la foule, l'illusion est parfaite : le light'n fast, c'est de la bombe, en plus j'ai eu 35 likes sur mon Facebook, demain c'est sûr je serais sponso'. Mais la montagne est exigeante ; si elle sait laisser sa chance une fois, tous les coups ne seront pas gagnants. Pour tenter d'étre à la haut

"Le Mont-Blanc interdit" pour les nuls

227 ans que des gens montent au Mont-Blanc. 227 ans pendant lesquels la manière d'atteindre son sommet à été laissé au libre arbitre des prétendants. En 2012, on vous l'avait annoncé. En 2013 ça se concrétise, et bien oui, "le changement sur le Mont-Blanc, c'est maintenant".  2 couches pour mieux comprendre ! Le niveau technique "Peu Difficile" de la voie Royale, en condition idéale permet à n'importe quelle personne de bonne constitution d'atteindre le sommet du Mt-Blanc sans rien maîtriser des éléments connus de tout alpiniste averti ( S'encorder et comment correctement le réaliser, glissade et comment l'arrêter,  chute en crevasse et comment en remonter, Mal Aigü des Montagnes et comment percevoir les symptomesr, signes météo et comment les interpréter, brouillard et comment s'orienter, mauvais temps et comment s'en protéger....) La constatation : beaucoup de monde tente la bosse CE QUI ENTRAÎNE QUE les infra